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Mercredi cinéma : "Lourdes" de Jessica Hausner avec Sylvie Testud, Léa Seydoux, Bruno Todeschini.

Publié le : 27-07-2011

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

Lourdes de Jessica HausnerZoom nouveauté : "Lourdes" de Jessica Hausner.

L'histoire
Christine a passé la majeure partie de sa vie immobilisée dans un fauteuil roulant. Elle se rend à Lourdes, site de pèlerinage légendaire au cœur des Pyrénées, afin de sortir de son isolement. Elle se réveille un matin apparemment guérie par un miracle. Le leader du groupe de pèlerinage, un séduisant membre de l’ordre de Malte commence à s’intéresser à elle. Alors que sa guérison suscite jalousie et admiration, Christine tente de profiter de sa nouvelle chance.
Un film de Jessica Hausner avec Sylvie Testud, Léa Seydoux, Bruno Todeschini.

Bonus : propos de Sylvie Testud, héroïne du film.

Qu’est-ce qui vous a motivée à jouer ce rôle ?
Je cherche toujours un univers différent des autres. J’ai trouvé dans le scénario une élégance, une finesse, un côté “conte de fée pas propre” dans le fait de ne pas remettre en cause directement les miracles de Lourdes mais plutôt de sourire du rapport que l’on entretient à la religion. "Lourdes" est à contre-sens de ce qui se fait dans le cinéma actuel, il n’attaque pas frontalement la religion, ce que je trouve très élégant. La critique à l’état brut ne m’intéresse pas, je trouve la dérision et l’insolence beaucoup plus intéressantes artistiquement

Comment vous êtes-vous préparée au rôle ?
Pendant la préparation, Jessica Hausner et moi avons passé beaucoup de temps avec les malades, on s’est même fait des copines malades. Il y avait des jeunes filles de 17 ans, joyeuses et magnifiques, qui semblaient avoir la vie devant elles ; les médecins leur expliquaient cependant que le compte à rebours vers la mort était en marche. C’est terrible de voir quelqu’un, à un des plus beaux moments de sa vie et en même temps condamné. Nous avions besoin de poser des questions aux filles malades pour préparer le film, et je les posais les unes après les autres, sur tous les sujets, y compris sur leur envie de sortir avec un garçon - ce qui était, je le réalise maintenant, d’une indécence totale. J’en avais besoin pour être crédible dans mon rôle mais c’était presque du vampirisme! En tant qu’acteur, il faut une énorme dose d’irrespect au cours du travail d’approche...

Pour quelle raison, votre personnage s’embarque t-il dans un pèlerinage à Lourdes ?
Elle vient à Lourdes pour se distraire. Elle se dit aussi : “Allons-y, on verra bien !” Quand elle est miraculée, tout le monde est estomaqué : la miraculée est celle qui ne va jamais à la messe. Il n’y a pas de justice dans "Lourdes". C’est comme souvent dans la vie : les gens qui ne boivent pas et ne fument pas tombent malades, un enfant est touché par une maladie grave... Dans ce sens, le film est terriblement juste.

Comment avez-vous approché ce personnage paralysé, apparemment impuissant et soumis aux autres ?
Sylvie testud - photo de Martin GschlachtÇa s’est passé par étapes. Lors de la préparation du film, j’ai découvert la maladie de mon personnage, la sclérose en plaque. Nous nous sommes toutes les deux, avec Jessica, senties très concernées. Pendant le tournage, ce personnage était compliqué. On était à Lourdes quand même, je ne pouvais pas partir fumer une cigarette, l’air de rien, je ne pouvais pas me lever de mon fauteuil devant d’autres pèlerins ou figurants réellement handicapés... Ça aurait été insultant devant la souffrance des autres. Quand on voit les parents poussant leurs enfants dans des chaises roulantes, on ne peut pas dire sous prétexte qu’on fait du cinéma “Je suis comme vous” et ensuite montrer que c’est de la rigolade. Donc je suis restée dans mon fauteuil pendant des heures, les gens s’écartaient quand je passais : ils me croyaient vraiment paralysée. J’étais dans une crispation complète et ce fut très oppressant… Je ne sortais jamais de mon fauteuil et il est arrivé, lors des pauses de tournage, que quelqu’un me parque contre un mur ! C’est lors de ces moments que vous réalisez qu’un handicapé paralysé reste là où on le laisse, sans même pouvoir se retourner. C’est extrêmement angoissant, et j’ai eu des moments de grande solitude…

Comment Jessica Hausner vous a-t-elle dirigée ?
J’ai rencontré une femme très dévouée à son art qui est également un personnage très complexe… Dans le film, les personnages sont presque des archétypes, et je ne voulais pas entrer dans un dispositif trop en place ; j’aime beaucoup la contrainte, mais j’ai aussi un côté “sale gosse”... Jessica se projette dans ses personnages : elle aimerait être chacun d’entre eux. Je pense que c’était douloureux pour elle d’abandonner un personnage au profit d’une actrice pour que celle-ci l’incarne. Jessica voulait aussi quelque chose d’indécent : dans les postures, dans la recherche… J’aime beaucoup ça. Elle voulait que les corps se frôlent alors qu’ils sont malades, montrer ce qui n’est pas montrable.

Comment voyez-vous le phénomène très particulier de “Lourdes” ?
À Lourdes, quand on voit tous les petits flambeaux des pèlerins dans la nuit, on réalise que la foi a la beauté de réunir les gens. C’est émouvant car il est difficile de les réunir derrière une autre cause. C’est malheureux en même temps, parce qu’au fond, ça représente un rapport égoïste à Dieu : on l’appelle quand on en a besoin. Lourdes est une ville sacrée et en même temps, c’est un terrible supermarché de la religion, avec toutes ces icônes de Jésus crucifié ouvrant les yeux, ces cendriers ou tailles crayon à l’effigie de la vierge… J’étais à Lourdes avec des sentiments très contradictoires, ce lieu peut provoquer tout et son contraire. Il y a aussi des choses surprenantes, comme le fait de passer devant les médecins pour valider un miracle !

Trouvez-vous ce film philosophique plutôt que religieux ?
Je dirais qu’il est plutôt volontairement enfantin. Un geste provocateur, comme une grimace ou tirer la langue devant le curé. Le film ne cache pas son côté irrévérencieux et parle en apparence de choses très louables. Jessica reprend les contes de fées à la base en disant : “En fait Cendrillon est moche, mais finalement son pied rentre dans la chaussure !” Mon miracle dans le film est comme un conte de fée, Cendrillon avec son pied sale, et tout d’un coup, le pied entre dans la chaussure. Elle, que personne n’a jamais regardée, se marie avec le prince. Au début, “le prince” ne s’intéresse pas réellement à mon personnage, il ne pourrait rien faire avec cette fille handicapée : partir en vacances, faire l’amour... Puis il est troublé quand elle guérit “miraculeusement”.

Vous êtes-vous posée la question de la foi en interprétant ce rôle ?
Je me suis posée cette question pendant tellement longtemps! J’ai été enfant de chœur, j’ai même failli être nonne, j’ai tout fait jusqu’à ce que je me rende compte que cette voie ne m’intéressait finalement que moyennement… J’avais 17 ans, les garçons arrivaient dans ma vie… On recherche un code, une famille, un abandon de soi dans la religion, on écoute cette magnifique musique, on admire les églises et les cathédrales, on est fasciné par les vêtements du culte, les icônes et la peinture. Il y a quelque chose de gracieux, de grandiose dans la religion. Parfois je mets encore la main dans l’eau bénite et je me dis : on ne sait jamais. Mais je ne veux plus savoir si on a raison de croire ou de ne pas croire en quelque chose. Cela me demande trop d’efforts et me cause trop de troubles…Si je me suis trompée dans la vie, je demanderai pardon quand j’arriverai là-haut !
(extrait dossier de presse)

Autres films toujours à l'affiche :

"J'aime regarder les filles" de Frédéric Louf
"Le moine" de Dominik Moll
"Un amour de jeunesse" de Mia Hansen-Love
"Nicostratos, le pélican" d'Olivier Horlait
"Pourquoi tu pleures ?" de Katia Lewkowicz
"Une séparation", un film d'Asghar Farhadi
"Le gamin au vélo" de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Je souhaite que, vous aussi, vous partagiez vos émotions et vos coups de cœur ciné. Envoyez vos critiques de films par mail (contact@journaldefrancois.fr ). Elles seront publiées dans le Journal !
Mercredi cinéma, c’est votre rendez-vous !

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Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

Lourdes de Jessica HausnerZoom nouveauté : "Lourdes" de Jessica Hausner.

L'histoire
Christine a passé la majeure partie de sa vie immobilisée dans un fauteuil roulant. Elle se rend à Lourdes, site de pèlerinage légendaire au cœur des Pyrénées, afin de sortir de son isolement. Elle se réveille un matin apparemment guérie par un miracle. Le leader du groupe de pèlerinage, un séduisant membre de l’ordre de Malte commence à s’intéresser à elle. Alors que sa guérison suscite jalousie et admiration, Christine tente de profiter de sa nouvelle chance.
Un film de Jessica Hausner avec Sylvie Testud, Léa Seydoux, Bruno Todeschini.

Bonus : propos de Sylvie Testud, héroïne du film.

Qu’est-ce qui vous a motivée à jouer ce rôle ?
Je cherche toujours un univers différent des autres. J’ai trouvé dans le scénario une élégance, une finesse, un côté “conte de fée pas propre” dans le fait de ne pas remettre en cause directement les miracles de Lourdes mais plutôt de sourire du rapport que l’on entretient à la religion. "Lourdes" est à contre-sens de ce qui se fait dans le cinéma actuel, il n’attaque pas frontalement la religion, ce que je trouve très élégant. La critique à l’état brut ne m’intéresse pas, je trouve la dérision et l’insolence beaucoup plus intéressantes artistiquement

Comment vous êtes-vous préparée au rôle ?
Pendant la préparation, Jessica Hausner et moi avons passé beaucoup de temps avec les malades, on s’est même fait des copines malades. Il y avait des jeunes filles de 17 ans, joyeuses et magnifiques, qui semblaient avoir la vie devant elles ; les médecins leur expliquaient cependant que le compte à rebours vers la mort était en marche. C’est terrible de voir quelqu’un, à un des plus beaux moments de sa vie et en même temps condamné. Nous avions besoin de poser des questions aux filles malades pour préparer le film, et je les posais les unes après les autres, sur tous les sujets, y compris sur leur envie de sortir avec un garçon - ce qui était, je le réalise maintenant, d’une indécence totale. J’en avais besoin pour être crédible dans mon rôle mais c’était presque du vampirisme! En tant qu’acteur, il faut une énorme dose d’irrespect au cours du travail d’approche...

Pour quelle raison, votre personnage s’embarque t-il dans un pèlerinage à Lourdes ?
Elle vient à Lourdes pour se distraire. Elle se dit aussi : “Allons-y, on verra bien !” Quand elle est miraculée, tout le monde est estomaqué : la miraculée est celle qui ne va jamais à la messe. Il n’y a pas de justice dans "Lourdes". C’est comme souvent dans la vie : les gens qui ne boivent pas et ne fument pas tombent malades, un enfant est touché par une maladie grave... Dans ce sens, le film est terriblement juste.

Comment avez-vous approché ce personnage paralysé, apparemment impuissant et soumis aux autres ?
Sylvie testud - photo de Martin GschlachtÇa s’est passé par étapes. Lors de la préparation du film, j’ai découvert la maladie de mon personnage, la sclérose en plaque. Nous nous sommes toutes les deux, avec Jessica, senties très concernées. Pendant le tournage, ce personnage était compliqué. On était à Lourdes quand même, je ne pouvais pas partir fumer une cigarette, l’air de rien, je ne pouvais pas me lever de mon fauteuil devant d’autres pèlerins ou figurants réellement handicapés... Ça aurait été insultant devant la souffrance des autres. Quand on voit les parents poussant leurs enfants dans des chaises roulantes, on ne peut pas dire sous prétexte qu’on fait du cinéma “Je suis comme vous” et ensuite montrer que c’est de la rigolade. Donc je suis restée dans mon fauteuil pendant des heures, les gens s’écartaient quand je passais : ils me croyaient vraiment paralysée. J’étais dans une crispation complète et ce fut très oppressant… Je ne sortais jamais de mon fauteuil et il est arrivé, lors des pauses de tournage, que quelqu’un me parque contre un mur ! C’est lors de ces moments que vous réalisez qu’un handicapé paralysé reste là où on le laisse, sans même pouvoir se retourner. C’est extrêmement angoissant, et j’ai eu des moments de grande solitude…

Comment Jessica Hausner vous a-t-elle dirigée ?
J’ai rencontré une femme très dévouée à son art qui est également un personnage très complexe… Dans le film, les personnages sont presque des archétypes, et je ne voulais pas entrer dans un dispositif trop en place ; j’aime beaucoup la contrainte, mais j’ai aussi un côté “sale gosse”... Jessica se projette dans ses personnages : elle aimerait être chacun d’entre eux. Je pense que c’était douloureux pour elle d’abandonner un personnage au profit d’une actrice pour que celle-ci l’incarne. Jessica voulait aussi quelque chose d’indécent : dans les postures, dans la recherche… J’aime beaucoup ça. Elle voulait que les corps se frôlent alors qu’ils sont malades, montrer ce qui n’est pas montrable.

Comment voyez-vous le phénomène très particulier de “Lourdes” ?
À Lourdes, quand on voit tous les petits flambeaux des pèlerins dans la nuit, on réalise que la foi a la beauté de réunir les gens. C’est émouvant car il est difficile de les réunir derrière une autre cause. C’est malheureux en même temps, parce qu’au fond, ça représente un rapport égoïste à Dieu : on l’appelle quand on en a besoin. Lourdes est une ville sacrée et en même temps, c’est un terrible supermarché de la religion, avec toutes ces icônes de Jésus crucifié ouvrant les yeux, ces cendriers ou tailles crayon à l’effigie de la vierge… J’étais à Lourdes avec des sentiments très contradictoires, ce lieu peut provoquer tout et son contraire. Il y a aussi des choses surprenantes, comme le fait de passer devant les médecins pour valider un miracle !

Trouvez-vous ce film philosophique plutôt que religieux ?
Je dirais qu’il est plutôt volontairement enfantin. Un geste provocateur, comme une grimace ou tirer la langue devant le curé. Le film ne cache pas son côté irrévérencieux et parle en apparence de choses très louables. Jessica reprend les contes de fées à la base en disant : “En fait Cendrillon est moche, mais finalement son pied rentre dans la chaussure !” Mon miracle dans le film est comme un conte de fée, Cendrillon avec son pied sale, et tout d’un coup, le pied entre dans la chaussure. Elle, que personne n’a jamais regardée, se marie avec le prince. Au début, “le prince” ne s’intéresse pas réellement à mon personnage, il ne pourrait rien faire avec cette fille handicapée : partir en vacances, faire l’amour... Puis il est troublé quand elle guérit “miraculeusement”.

Vous êtes-vous posée la question de la foi en interprétant ce rôle ?
Je me suis posée cette question pendant tellement longtemps! J’ai été enfant de chœur, j’ai même failli être nonne, j’ai tout fait jusqu’à ce que je me rende compte que cette voie ne m’intéressait finalement que moyennement… J’avais 17 ans, les garçons arrivaient dans ma vie… On recherche un code, une famille, un abandon de soi dans la religion, on écoute cette magnifique musique, on admire les églises et les cathédrales, on est fasciné par les vêtements du culte, les icônes et la peinture. Il y a quelque chose de gracieux, de grandiose dans la religion. Parfois je mets encore la main dans l’eau bénite et je me dis : on ne sait jamais. Mais je ne veux plus savoir si on a raison de croire ou de ne pas croire en quelque chose. Cela me demande trop d’efforts et me cause trop de troubles…Si je me suis trompée dans la vie, je demanderai pardon quand j’arriverai là-haut !
(extrait dossier de presse)

Autres films toujours à l'affiche :

"J'aime regarder les filles" de Frédéric Louf
"Le moine" de Dominik Moll
"Un amour de jeunesse" de Mia Hansen-Love
"Nicostratos, le pélican" d'Olivier Horlait
"Pourquoi tu pleures ?" de Katia Lewkowicz
"Une séparation", un film d'Asghar Farhadi
"Le gamin au vélo" de Jean-Pierre et Luc Dardenne

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